En cette fin d’été 2022, c’est décidé nous repartons pour une semaine en cyclo-camping familial (circuit en autonomie sans étape avec le fourgon). La météo s’annonçant maussade en France, nous décidons d’aller plus au sud chercher le soleil afin d’être plus « confort » pour cette reprise. Nous préparons alors notre circuit dans les Montañas Vacias, région au centre de l’Espagne, située à l’Est de Madrid et connue pour être une des moins peuplée d’Europe avec une densité de population équivalente à celle de la Laponie. Nous traverserons donc les terres isolées de la Serrania Celtiberica par les petites routes.
Pour rejoindre Peralejos de las Truchas, notre point de départ, 8h de route nous attendent. Nous faisons étape une nuit après avoir passé les Pyrénées espagnoles. Sur la route, nous pensons avoir changé de continent… Au sud de Huesca, nous traversons les steppes sèches et les étendues désertiques de Los Monegros puis les alentours de Zaragoza présentent des paysages dignes du Far-west.
En entrant dans le parc naturel du Haut-Tage nous retrouvons une végétation plus abondante avec de belles forêts de pins. Nous profitons de l’après-midi au camping de Peralejos pour une baignade rafraîchissante dans les eaux cristallines du Tage.



Au petit matin nous équipons nos vélos avec tout notre matériel de camping, quelques vêtements de rechange et un peu de nourriture d’avance. Loin de nos habitudes très matinales de voyage à 2, nous démarrons vers 9h30. Eh oui, avec un petit loulou, il faut revoir toute l’organisation et prévoir un temps pour qu’il se dépense un peu avant le départ ! Nous commençons la journée par un enchaînement de montées dont les pourcentages nous chauffent tout de suite les mollets… Mais nous sommes seuls sur la route et nous découvrons tout le long de beaux paysages. L’arrivée au petit village de Chequilla est surprenante, avec d’impressionnants monolithes d’argile. Puis nous suivons les gorges du rio Cabrillas jusqu’à Orea où nous prenons notre pique-nique à l’aire de jeux du village. Auguste est ravi et en oublie presque de manger! Le temps de sa sieste, nous rejoignons le camping par une petite route dans la forêt et profitons ensuite de l’après-midi pour nous reposer et jouer tous les 3.





Le lendemain matin, il fait frais car nous sommes à 1600m d’altitude. Nous poursuivons notre route en direction d’Albarracin. Celle-ci devient vite une piste mais elle reste bien roulante et nous dévoile de superbes paysages. Nous faisons un stop à la boulangerie de Griegos avant d’entamer une jolie descente dans un canyon aux tons ocres menant au village perdu de Villar del cobo. Notre route se poursuit en surplomb du rio Guadalaviar quasi à sec en cette période. L’arrivée à Tramacastilla entouré de ses montagnes rougeoyantes nous rappelle des souvenirs d’Amérique du sud. On se croirait comme transporté tout droit dans le nord ouest argentin… un faux plat descendant nous laisse glisser rapidement jusqu’aux portes de la ville d’Albarracin, ancienne cité mauresque et médiévale surplombée de sa grande muraille.





Notre troisième journée débute par une montée progressive dans le parc naturel Pinares de Rodenos, au milieu des pins et des immenses blocs rocheux. Nous roulons sur une route provinciale très paisible entourés de champs colorés, entre terre battue et herbes sèches. Après notre sandwich quotidien, nous terminons en direction de Terriente où nous nous installons dans un camping très simple mais agréable. On se repose l’après-midi à l’ombre, Auguste s’amuse aux jeux d’enfants et nous dégustons un repas copieux au restaurant du camping (seiche grillée, charcuterie, patate, tartine de saumon).





Au réveil, nous commençons à prendre notre rythme côté organisation. Chacun sa tâche : dégonflage et pliage des matelas, rangement des duvets, habillage. Tout le monde participe, même Auguste qui a à cœur de plier son matelas et duvet (presque tout seul). Pierre sort ensuite préparer les vélos pendant que Mélodie et Auguste finissent de ranger les dernières affaires dans la tente. Une fois tout le monde sorti, Pierre démonte la tente et démarre le réchaud pendant que nous sortons les affaires du petit déjeuner.
Bien rassasiés et toutes les sacoches refermées, nous descendons en pente douce jusqu’au village de Royuela. Nous supportons bien les vestes coupe-vent car à 1200m d’altitude l’air matinal est saisissant. Nous trouvons de quoi nous ravitailler à la supérette du village où quelques retraités prennent le café en terrasse. De retour en selle, nous remontons progressivement jusqu’au col de Las Banderas à 1584m. Après la pause de midi, nous attaquons une superbe montée sans croiser une seule voiture. Il y a de bons pourcentages de grimpette mais les panoramas nous font vite oublier l’effort! Nous apprécions ces grands espaces protégés, vides d’habitations, comme on n’en trouve plus beaucoup en France… les paysages sont arides et rocheux mais très graphiques. La végétation clairsemée forme des cercles verdoyants tapissant les collines entourées de forets de pins. Nous atteignons à la cime l’impressionnant point de vue du canyon de Cararizuelo avant de rejoindre un peu plus bas, l’aire naturelle de camping de La Dehesilla. Nous nous installons sous les arbres aux côtés des moutons qui sont ici en liberté pour le plus grand plaisir d’Auguste. Nous passons une fin de journée très agréable.






Nous profitons des lumières du soleil levant sur une splendide piste à travers champs. Nous roulons dans une petite vallée jusqu’à la source du Tage. Le passage du col de Cubillo à plus de 1600m, nous ouvre une longue descente en virage à flanc de montagne. Nous perdons rapidement de l’altitude, Pierre et Auguste partent en tête, je suis quant à moi plus prudente compte tenue de mes quelques cabrioles a vélo… Nous enchaînons plusieurs dizaines de kilomètres dans la vallée du rio Jucar. Arrivés au lac de barrage de la Toba nous bifurquons dans le parc naturel de la Serrania de Cuenca. Nous pédalons sous les forets de pins et de chênes verts et traversons sur plusieurs kilomètres une zone ravagée par un incendie ancien. Il ne reste ça et là que quelques arbres solitaires aux troncs carbonisés mais vaillants survivants de leur combat contre les flammes! Il règne une atmosphère étrange, nous en avons la gorge nouée…






Nous terminons notre journée après plus de 70km, au camping de Las Majadas. Encore une fois, nous croirions être perdu dans ces villages du centre argentin, loin de tout, comme sortis de nulle part… le lieu est assez basique mais nous nous régalons d’un copieux repas le soir au restaurant du camping. De quoi remplir nos 3 estomacs de gloutons après cette longue étape!

Pour notre 6ème et dernier jour de ce tour, nous décidons de partir assez tôt car nous avons encore une étape assez longue devant nous. Nous enchaînons d’emblée descente et remontée sur une voie étroite pour sortir du parc naturel avant de rejoindre une large route traversant des terres de pâturage ovins. Enfin, une descente abrupte à plus de 13% nous replonge au cœur des gorges du Tage. Les eaux turquoises sont surplombées de falaises majestueuses d’où s’envolent de magnifiques rapaces (aigles, circaètes…). Nous retrouvons le fourgon au camping de Peralejos, rangeons les affaires et délassons nos muscles bien sollicités dans les eaux vivifiantes du Tage!




Sur la route du retour nous faisons étape à Albarracin pour visiter la ville à pied. C’est un petit bijou! En plus il n’y a presque personne, nous déambulons dans les ruelles jusqu’au pied des murailles.







Nous reprenons la route en direction du nord et campons à Loarre au pied des Pyrénées espagnoles. Après une petite ballade au château nous nous offrons un succulent repas dans un restaurant de campagne. Nous terminons ensuite la route de nuit pour rejoindre la maison.


Ce périple nous aura ravi du début à la fin. Nous avons profité d’un soleil resplendissant, de températures agréables, de panoramas superbes. Nos étapes étaient bien adaptées à notre niveau et notre chargement. Nous pouvions pédaler sans nous presser, nous avions du temps les après-midi pour profiter en famille. Auguste a pu jouer et se dépenser, il s’est très bien adapté au changement de rythme et a aimé participer au montage de la tente et du couchage. Rouler sur les routes espagnoles a été très agréable, il y a eu peu de circulation et les automobilistes sont prudents. Nous avons adoré pédaler dans ces grands espaces, préservés des constructions humaines. Les habitations à l’architecture rudimentaire sont concentrées au sein de petits villages isolés dans les montagnes. Il existe ici encore de nombreuses pistes et chemins non goudronnés. Les élevages ovins et bovins se font en liberté. Un retour à la nature et à l’essentiel qui fait du bien en contraste de notre mode de vie français où l’on se prend vite dans le cercle du toujours plus, plus vite… parfois bien malgré nous.
La flamme du voyage à vélo n’est pas prête de s’éteindre et nous pensons déjà aux prochains périples!
Notre trajet sur Travelmap: https://melopierre28.travelmap.net/espagne-montanas-vacias-2022