Montañas Vacias

En cette fin d’été 2022, c’est décidé nous repartons pour une semaine en cyclo-camping familial (circuit en autonomie sans étape avec le fourgon). La météo s’annonçant maussade en France, nous décidons d’aller plus au sud chercher le soleil afin d’être plus « confort » pour cette reprise. Nous préparons alors notre circuit dans les Montañas Vacias, région au centre de l’Espagne, située à l’Est de Madrid et connue pour être une des moins peuplée d’Europe avec une densité de population équivalente à celle de la Laponie. Nous traverserons donc les terres isolées de la Serrania Celtiberica par les petites routes.

Pour rejoindre Peralejos de las Truchas, notre point de départ, 8h de route nous attendent. Nous faisons étape une nuit après avoir passé les Pyrénées espagnoles. Sur la route, nous pensons avoir changé de continent… Au sud de Huesca, nous traversons les steppes sèches et les étendues désertiques de Los Monegros puis les alentours de Zaragoza présentent des paysages dignes du Far-west.

En entrant dans le parc naturel du Haut-Tage nous retrouvons une végétation plus abondante avec de belles forêts de pins. Nous profitons de l’après-midi au camping de Peralejos pour une baignade rafraîchissante dans les eaux cristallines du Tage.

Au petit matin nous équipons nos vélos avec tout notre matériel de camping, quelques vêtements de rechange et un peu de nourriture d’avance. Loin de nos habitudes très matinales de voyage à 2, nous démarrons vers 9h30. Eh oui, avec un petit loulou, il faut revoir toute l’organisation et prévoir un temps pour qu’il se dépense un peu avant le départ ! Nous commençons la journée par un enchaînement de montées dont les pourcentages nous chauffent tout de suite les mollets… Mais nous sommes seuls sur la route et nous découvrons tout le long de beaux paysages. L’arrivée au petit village de Chequilla est surprenante, avec d’impressionnants monolithes d’argile. Puis nous suivons les gorges du rio Cabrillas jusqu’à Orea où nous prenons notre pique-nique à l’aire de jeux du village. Auguste est ravi et en oublie presque de manger! Le temps de sa sieste, nous rejoignons le camping par une petite route dans la forêt et profitons ensuite de l’après-midi pour nous reposer et jouer tous les 3.

Le lendemain matin, il fait frais car nous sommes à 1600m d’altitude. Nous poursuivons notre route en direction d’Albarracin. Celle-ci devient vite une piste mais elle reste bien roulante et nous dévoile de superbes paysages. Nous faisons un stop à la boulangerie de Griegos avant d’entamer une jolie descente dans un canyon aux tons ocres menant au village perdu de Villar del cobo. Notre route se poursuit en surplomb du rio Guadalaviar quasi à sec en cette période. L’arrivée à Tramacastilla entouré de ses montagnes rougeoyantes nous rappelle des souvenirs d’Amérique du sud. On se croirait comme transporté tout droit dans le nord ouest argentin… un faux plat descendant nous laisse glisser rapidement jusqu’aux portes de la ville d’Albarracin, ancienne cité mauresque et médiévale surplombée de sa grande muraille.

Notre troisième journée débute par une montée progressive dans le parc naturel Pinares de Rodenos, au milieu des pins et des immenses blocs rocheux. Nous roulons sur une route provinciale très paisible entourés de champs colorés, entre terre battue et herbes sèches. Après notre sandwich quotidien, nous terminons en direction de Terriente où nous nous installons dans un camping très simple mais agréable. On se repose l’après-midi à l’ombre, Auguste s’amuse aux jeux d’enfants et nous dégustons un repas copieux au restaurant du camping (seiche grillée, charcuterie, patate, tartine de saumon).

Au réveil, nous commençons à prendre notre rythme côté organisation. Chacun sa tâche : dégonflage et pliage des matelas, rangement des duvets, habillage. Tout le monde participe, même Auguste qui a à cœur de plier son matelas et duvet (presque tout seul). Pierre sort ensuite préparer les vélos pendant que Mélodie et Auguste finissent de ranger les dernières affaires dans la tente. Une fois tout le monde sorti, Pierre démonte la tente et démarre le réchaud pendant que nous sortons les affaires du petit déjeuner.

Bien rassasiés et toutes les sacoches refermées, nous descendons en pente douce jusqu’au village de Royuela. Nous supportons bien les vestes coupe-vent car à 1200m d’altitude l’air matinal est saisissant. Nous trouvons de quoi nous ravitailler à la supérette du village où quelques retraités prennent le café en terrasse. De retour en selle, nous remontons progressivement jusqu’au col de Las Banderas à 1584m. Après la pause de midi, nous attaquons une superbe montée sans croiser une seule voiture. Il y a de bons pourcentages de grimpette mais les panoramas nous font vite oublier l’effort! Nous apprécions ces grands espaces protégés, vides d’habitations, comme on n’en trouve plus beaucoup en France… les paysages sont arides et rocheux mais très graphiques. La végétation clairsemée forme des cercles verdoyants tapissant les collines entourées de forets de pins. Nous atteignons à la cime l’impressionnant point de vue du canyon de Cararizuelo avant de rejoindre un peu plus bas, l’aire naturelle de camping de La Dehesilla. Nous nous installons sous les arbres aux côtés des moutons qui sont ici en liberté pour le plus grand plaisir d’Auguste. Nous passons une fin de journée très agréable.

Nous profitons des lumières du soleil levant sur une splendide piste à travers champs. Nous roulons dans une petite vallée jusqu’à la source du Tage. Le passage du col de Cubillo à plus de 1600m, nous ouvre une longue descente en virage à flanc de montagne. Nous perdons rapidement de l’altitude, Pierre et Auguste partent en tête, je suis quant à moi plus prudente compte tenue de mes quelques cabrioles a vélo… Nous enchaînons plusieurs dizaines de kilomètres dans la vallée du rio Jucar. Arrivés au lac de barrage de la Toba nous bifurquons dans le parc naturel de la Serrania de Cuenca. Nous pédalons sous les forets de pins et de chênes verts et traversons sur plusieurs kilomètres une zone ravagée par un incendie ancien. Il ne reste ça et là que quelques arbres solitaires aux troncs carbonisés mais vaillants survivants de leur combat contre les flammes! Il règne une atmosphère étrange, nous en avons la gorge nouée…

Nous terminons notre journée après plus de 70km, au camping de Las Majadas. Encore une fois, nous croirions être perdu dans ces villages du centre argentin, loin de tout, comme sortis de nulle part… le lieu est assez basique mais nous nous régalons d’un copieux repas le soir au restaurant du camping. De quoi remplir nos 3 estomacs de gloutons après cette longue étape!

Pour notre 6ème et dernier jour de ce tour, nous décidons de partir assez tôt car nous avons encore une étape assez longue devant nous. Nous enchaînons d’emblée descente et remontée sur une voie étroite pour sortir du parc naturel avant de rejoindre une large route traversant des terres de pâturage ovins. Enfin, une descente abrupte à plus de 13% nous replonge au cœur des gorges du Tage. Les eaux turquoises sont surplombées de falaises majestueuses d’où s’envolent de magnifiques rapaces (aigles, circaètes…). Nous retrouvons le fourgon au camping de Peralejos, rangeons les affaires et délassons nos muscles bien sollicités dans les eaux vivifiantes du Tage!

Sur la route du retour nous faisons étape  à Albarracin pour visiter la ville à pied. C’est un petit bijou! En plus il n’y a presque personne, nous déambulons dans les ruelles jusqu’au pied des murailles.

Nous reprenons la route en direction du nord et campons à Loarre au pied des Pyrénées espagnoles. Après une petite ballade au château nous nous offrons un succulent repas dans un restaurant de campagne. Nous terminons ensuite la route de nuit  pour rejoindre la maison.

Ce périple nous aura ravi du début à la fin. Nous avons profité d’un soleil resplendissant, de températures agréables, de panoramas superbes. Nos étapes étaient bien adaptées à notre niveau et notre chargement. Nous pouvions pédaler sans nous presser, nous avions du temps les après-midi pour profiter en famille. Auguste a pu jouer et se dépenser, il s’est très bien adapté au changement de rythme et a aimé participer au montage de la tente et du couchage. Rouler sur les routes espagnoles a été très agréable, il y a eu peu de circulation et les automobilistes sont prudents. Nous avons adoré pédaler dans ces grands espaces, préservés des constructions humaines. Les habitations à l’architecture rudimentaire sont concentrées au sein de petits villages isolés dans les montagnes. Il existe ici encore de nombreuses pistes et chemins non goudronnés. Les élevages ovins et bovins se font en liberté. Un retour à la nature et à l’essentiel qui fait du bien en contraste de notre mode de vie français où l’on se prend vite dans le cercle du toujours plus, plus vite… parfois bien malgré nous.

La flamme du voyage à vélo n’est pas prête de s’éteindre et nous pensons déjà aux prochains périples!

Notre trajet sur Travelmap: https://melopierre28.travelmap.net/espagne-montanas-vacias-2022

3 petits tours en Corse, rando et vélo…

Pour profiter du début du printemps nous décidons cette année de partir vers les îles de la Méditerranée. Nous hésitons dans un premier temps entre la Sardaigne et Majorque, mais après quelques recherches nous nous apercevons que pour sortir du territoire et notamment pour l’embarquement des ferries il nous faut une pièce d’identité pour Auguste. Nous sommes mi mars et nous partons début mai, les délais sont trop longs pour l’obtenir à temps, nous devrons donc rester sur territoire français… Qu’à cela ne tienne, nous optons alors pour la Corse qui est un petit concentré de beautés montagnardes et côtières que nous avions déjà découvert en 2010. Pour ces deux semaines, nous prévoyons un circuit en mix van et vélo, au départ d’Ajaccio et avec pour point d’arrivée Bastia.

Nous prenons donc la route fin avril en direction de Toulon, la route est longue mais nous faisons des étapes et Auguste est très patient en camion, son siège étant à l’avant avec nous il profite du paysage!

Après une traversée de nuit très calme nous accostons au port d’Ajaccio à l’aube et prenons la route directement pour rentrer dans les terres et éviter la circulation du matin. La première journée nous faisons une petite randonnée au superbe lac de Creno où nous nous arrêtons pour un bon pique-nique à l’ombre des pins Laricio.

Nous nous installons le soir dans un camping à l’embouchure du Liamone où nous stationnons notre van pour 2-3j, le temps d’effectuer une petite boucle à vélo. Bien reposés, nous préparons nos vélos au lever du soleil puis partons vers le nord en suivant le golf de Sagone. Il fait très beau, nous longeons une côte découpée où alternent plages de sable, zones de maquis et criques rocheuses. Nous atteignons Cargèse vers 11h, bien animée en cette fin de matinée et complétons notre repas pour midi. Arrivés à Piana, la D81 devient étroite et sinueuse et nous offre de très beaux panoramas sur les calanches rougeoyantes aux abords vertigineux. Une belle descente nous amène ensuite rapidement à Porto où nous pouvons profiter d’une belle après-midi au camping. Auguste en profite même pour faire un petit « piouf », comme il dit!

Au petit matin, nous replions le campement et partons assez tôt pour profiter de la fraîcheur car un longue montée nous attend jusqu’à Evisa. Nous empruntons la route en direction du col de Vergio. La montée est assez progressive et ombragée mais notre manque d’entraînement ces derniers temps se fait ressentir. Nous allons à notre rythme et jouissons de spectaculaires points de vue sur les gorges de la Spelunca. Nous croisons en route des troupeaux de chèvres et de cochons en libertés, au grand bonheur d’Auguste. Arrivés à Evisa, nous nous offrons un copieux repas à l’entrée du village avant de rejoindre le camping situé à la sortie. Quelle surprise quand nous nous apercevons que celui-ci est fermé! Heureusement il n’est que 13h et nous avons repris des forces! Nous n’avons pas le choix, nous devons poursuivre la route à la recherche d’un autre camping. La montée se poursuit jusqu’au col de Sévi à 1100m d’altitude, de là s’ensuit une longue descente d’abord assez prononcée jusqu’à Vico (où nous trouvons encore porte close au camping…) puis plus douce jusqu’à Sagone où nous retrouvons le litorral avant de rejoindre notre van. Une journée riche en tours de pédales et en revirements mais pleines de beaux paysages également! Nous apprécions grandement une petite baignade à la piscine du camping pour détendre nos muscles bien sollicités avant une bonne nuit réparatrice.

La météo s’annonce plutôt maussade les prochains jours, nous cherchons où aller pour tenter de passer à travers les gouttes et décidons alors de nous diriger vers le massif de Bavella.

Nous profitons les jours suivants de belles balades au pied des aiguilles puis sur le plateau du Coscione. La route pour y accéder est très étroite et ravinée et nous n’arrivons pas à atteindre le parking avec le fourgon.Nous poursuivons la montée à pied jusqu’à l’entrée du plateau. Nous croisons plein d’animaux sauvages, chevaux, chèvres, cochons, vaches… Auguste alterne entre marche à pied et portage dans le sac de randonnée. Les vues sont magnifiques. C’est une terre de pastoralisme, recouverte d’herbes épaisses et parsemées pozzines. Malheureusement le ciel se charge et nous décidons alors de rebrousser chemin pour éviter la pluie.

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Nous n’y échapperons pas, et reprenons alors la route par la côte est pour remonter vers le nord où nous devrions retrouver un temps plus stable. Ce n’est finalement pas si simple, et nous faisons plusieurs détours et étapes avant de finalement rejoindre le cap Corse. Nous effectuerons tout de même quelques jolies balades sur le chemin, notamment dans le golf de l’Ostriconi et le désert des Agriates où la metéo alterne entre averses et éclaircies. Nous trouvons de petits camping familiaux simples et agréables où nous passons de belles soirées tous les trois. Nous apprécions ce temps disponible qui nous fait souvent défaut au quotidien.

Nous remontons progressivement jusqu’à la pointe du cap Corse par la route du litorral est. Le soleil brille de nouveau. Nous visitons de charmants villages comme Erbalunga aux ruelles étroites et aux sols pavés. La mer est assez houleuse et de grosses vagues viennent se fracasser sur la jetée. La route suit la côte accidentée recouverte de maquis et parsemée de tours génoises.

Nous nous arrêtons avant d’atteindre la partie nord pour poser le van. Nous enfourchons les vélos le lendemain au lever du soleil car la journée s’annonce plus chaude. Nous rejoignons Meria puis traversons l’intérieur des terres jusqu’à Morsiglia puis Centuri. Les paysages sont désertiques, le maquis règne en maître et de très rares habitations se cachent çà et là. La D35 nous amène sur le versant ouest du cap parsemé de très beaux anciens villages et nous nous régalons de superbes panoramas sur les ports et baies qui se révèlent à nous à chaque tour de roue. C’est un régal!

Pour retraverser le cap nous empruntons la route nord qui rejoint Maccinaggio. Nous profitons en route d’une pause pique-nique face à la pointe, au milieu d’un champ recouvert de petites fleurs printanières. Le reste du retour est toujours aussi agréable et nous atteignons notre camping en milieu d’après-midi, ce qui nous laisse le temps de nous reposer.

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Le jour suivant, nous sillonnons à flanc de falaise la côte ouest par la D80. Il n’est pas aisé de trouver un stationnement pour le fourgon dans les rues étroites des villages et nous devons donc renoncer à certaines visites. La météo s’annonce plutôt clémente dans le centre du pays pour les prochaines jours, nous rejoignons donc Corte dans la journée. Nous trouvons un camping simple et tranquille à l’écart de la ville où nous nous arrêtons pour deux nuits.

Au matin du lendemain, nous grimpons sur nos montures pour un circuit dans l’arrière-pays cortenais. Une route paisible nous fait remonter un fond de vallée verdoyante avant de dévoiler quelques lacets menant à Santa-Lucia-de-Mercurio, village perché sur un éperon rocheux offrant de très belles vues sur les sommets entourant Corte. Nous en profitons pour remplir nos gourdes avec l’eau de source bien fraîche de la fontaine. La suite de la route est splendide, serpentant le long des montagnes et à travers des campagnes isolées où l’on croise plus d’animaux que de personnes. Nous déjeunons à l’ombre dans le parc du village d’Alando avant d’entamer une belle descente nous ramenant progressivement jusqu’au camping. Le temps est orageux, nous passons à travers quelques gouttes mais évitons la grosse pluie de fin d’après-midi (heureusement nous attendrons un moment à l’abri dans le camion)!

Nous poursuivons notre itinéraire par un petit tour en Balagne où nous visitons quelques villages ouvrant de splendides panoramas sur la méditerranée. Il fait beau et chaud. Dans l’après-midi, nous visitons une ferme pédagogique à Algajola. Auguste est ravi, il y a quelques jeux et il parcourt tous les enclos avec son petit seau de pain. Tous sont bien nourris : lapins, poules, ânes, cochons, chèvres et même lamas, poneys, walabi…

Le tour de Corse se termine par une balade dans la vallée de l’Asco suivi de quelques baignades dans les baies de Calvi et de Saint Florent avant de reprendre le bateau en direction du continent.

Espagne – El cyclo solo

Partir seul à vélo. Cette idée revient dans mon esprit depuis des années, avant même le voyage en Amérique du sud. Il faut franchir soi-même le pas et faire accepter une séparation temporaire à ses proches. Que vais-je chercher ? Peut-être un défi inutile, mais la solitude m’attire : apaisante, propice à la contemplation et à une meilleure perception de l’environnement avec tous nos sens. Seul, il faut se faire confiance mais rester humble, faire les bons choix sans corde de rappel. En suis-je vraiment capable ?

L’opportunité s’est présentée fin Mars – début Avril. Il me reste quelques jours de congés et j’organise 6 jours de VTT en Lozère. La préparation n’est pas parfaite, c’est Mélodie qui élabore les circuits d’habitude et j’ai envie de laisser une part au hasard, me confronter d’autant plus à l’imprévu. Chose faite ! Quelques jours avant le départ, les prévisions météo se dégradent après une longue période douce : vents violents, fortes chutes de neige, températures jusqu’à -10°C annoncées sur une bonne partie de la France. Hésitations… Le parcours est engagé, partir à l’aventure ne veut pas dire se mettre en danger. Quel sera le plaisir à pédaler dans ces conditions? Je renonce. Que faire ? Le départ était prévu dans 3 jours ! Sur les conseils de Mélodie, je décide de partir plein sud, et de faire en « urgence » un parcours en Espagne, au nord-ouest de Huesca.

J’ai tellement chargé rapidement le fourgon que je pense avoir oublié le tracé du circuit en arrivant au camping vide d’Aguerro, en pleine nuit, après 8h de route… Je le retrouve finalement le lendemain matin. Ouf !

Juste avant le départ, un couple en 4×4 m’informe qu’une vague de froid va arriver dans les prochains jours. Je n’ai aucun réseau téléphonique, aucun moyen de consulter la météo et les pistes que je vais emprunter sont réputées pour être désertes. Ma formation en aérologie pour le parapente me servira tout au long du parcours à anticiper les changements !

Le départ en selle est difficile, ayant conduit une partie de la nuit et étant en pleine décompensation du rythme soutenu du travail. J’emprunte la piste en direction de Biel, qui passe par quelques hameaux plus ou moins abandonnés, et j’interromps la tranquillité de quelques chevreuils. Le dépaysement est immédiat !

Après Biel, ça se complique. La fatigue prend le dessus, le vent se lève, la piste fait le yoyo et les cailloux ronds me déstabilisent en permanence. Je pose le pied à terre et pousse plusieurs fois. A midi, je dois engloutir mon sandwich et enfiler mes affaires de pluie en catastrophe avant de m’élancer vers le « collado palomeros ». Grésil et vent glacial m’accompagneront jusqu’en haut, où une brève éclaircie me permet de prendre quelques photos. Le ciel se dégage dans la descente vers Luesia. Le village est désert, alors je poursuis vers « Pozas Pigalo », en direction du nord. J’espérai aller plus loin mais je suis trop fatigué et il y a le petit refuge « del Curro » qui m’offre un bon bivouac. Mon postérieur n’a pas supporté les rebonds permanents sur les pistes malgré les pneus en 2,80 ! J’ai une belle coupure mais se soigner seul à cet endroit là nécessite une pirouette que je ne sais pas faire… elle m’accompagnera douloureusement jusqu’au retour.

Le 2ème jour, départ à l’aube. La météo semble favorable pour faire un maximum de kilomètres. Après avoir passé les ruines du « castillo de Sibirana », il y a des signes annonciateurs que la météo va changer : le taux d’humidité augmente, les nuages baissent en altitude et s’assombrissent ! Un grésil cinglant commence à masquer la piste. Avant les éoliennes de la crête de la « sierra Selva », une accalmie me permet de faire quelques photos. Le répit est de courte durée ! A peine remis en selle, la neige prend la relève de plus belle, un vent puissant se met à souffler, des éoliennes débrayent et d’autres tournent tambour battant propulsant dans ma direction un blizzard d’enfer. Je peine à ouvrir les yeux et à tenir la machine, la piste est recouverte de neige, j’ai les doigts gelés malgré les gants d’hiver.

Au début de la descente, je me mets à l’abri dans un renfoncement en bord de piste, le ciel se dégage aussi vite qu’il s’est couvert, le soleil revient et la neige fond en quelques dizaines de minutes. Quel temps!

Ma roue avant est crevée, depuis quand ? Sans pouvoir réchauffer mes doigts gelés, je manque de dextérité et la réparation me prend plus d’une heure…

En remontant vers le petit village de Petilla de Aragon, les paysages sont superbes. D’ici on voit bien la crête des éoliennes sur laquelle je suis passé, le ciel bleu s’est installé et elle est parfaitement dégagée. Je m’arrête à l’hostal « Don Santiago ». Le couple de gérant est présent à l’année, il y a du monde en été mais à cette période il n’y a que 5 habitants et ma visite est bienvenue. Après un bon repas et avoir partagé une cervesa (bière) avec eux je regagne la piste mais elle est barrée par un taureau ! Il me faudra quelques minutes de négociation pour qu’il se décide à me laisser poursuivre. Le profil est maintenant plutôt descendant et m’offre de jolies vues sur les montagnes environnantes.

Le tracé m’amène au pied de la montagne « Cueva de Cristal » qu’il faut franchir par le col de « portillo de Longas », avec des pourcentages très difficiles. Juste avant les premières pentes, le temps est de nouveau menaçant. Je décide de m’enfoncer (difficilement) dans la foret pour faire un bivouac. Ce choix est judicieux car des averses de neige tombent jusqu’au lendemain ! Je m’endors après le passage d’un troupeau de sangliers.

Au petit matin du 3ème jour, la tente est couverte de neige et la piste est difficile à retrouver tant le paysage a changé. Je prends un temps de réflexion pour peser les risques : la portion de piste à venir est engagée, isolée, la météo est visiblement instable et la piste glissante. Cerise sur le gâteau, avec l’orientation et la puissance du vent, le col sera en plein venturi. Partir tôt me laisse plus de temps donc plus de possibilités. Je modifie l’itinéraire pour éviter, à regrets, le « portillo de Longas ». 2 solutions : soit atteindre le refuge de « Fardollas », soit faire demi-tour pour retourner au refuge « del Curro » si ça tourne mal.

Çà sera une journée mémorable ! Entre blizzard et neige, de nombreuses éclaircies laissent apparaître des vues époustouflantes sur les environs. Mes traces sont effacées en quelques poignées de secondes. Pédaler dans ces conditions nécessite beaucoup de concentration pour ne pas partir à la faute mais la récompense est là ! A chaque passage difficile les jambes brûlent mais il faut garder la tête froide. Ma progression est lente. Faut-il faire demi-tour ou pas ? J’insiste, porté par la beauté des lieux.

En milieu de matinée, je m’arrête quelques minutes pour prendre une collation au refuge « Fardollas » puis j’arrive en début d’après midi au refuge « Farriguelo ». Mes gourdes, pourtant dans la tente la nuit précédente, sont encore complètement gelées, la soif devient prégnante. Heureusement, il y a une réserve d’eau dans ce refuge, un peu plus grand que les autres.

Enfin le ciel se dégage pour de bon. La montée au col de « La Osqueta » est un véritable coup de cœur ! La piste passe au pied de l’éperon rocheux avant de s’engouffrer dans une brèche naturelle, les couleurs sont splendides. La descente vers Villalangua m’offre un joli bivouac sur les hauteurs.

Ces 3 premiers jours ont été les plus solitaires, je n’ai croisé personne sur les pistes, seulement les gérants de l’hostal à Petilla !

Le 4ème jour, après la descente vers Santa Maria de la Pena, le restaurant « El Jabali » permet le ravitaillement avec un café chaud et ses sandwichs énormes ! (2 repas pour un cyclo affamé)

Puis, en direction de La Pena, mon chemin bifurque au nord par le sentier 95. Quelle mauvaise idée…

Je dois porter et pousser le vélo à flanc de précipice sur 3km. J’ai de la chance, le temps est sec, car les roches seraient sinon très glissantes. La piste est ensuite envahie par les plantes piquantes, m’obligeant à porter le VTT à de nombreuses reprises pour éviter la crevaison. Finalement, elle s’élargie en un chemin qui longe la rivière « barranco de Ena ». Des chevaux (sauvages?) s’abreuvent dans des bassins d’eau limpide aux pieds de petites cascades.

J’arrive à Ena à la mi-journée, très joli village en pierres, mais tout aussi désert que les autres ! La pause repas sur la place du village m’accorde un temps de réflexion. J’ai pris un peu de « retard », ce qui ne me laisse aucune marge pour finir le circuit. Il reste une grosse difficulté à passer après Javierrelatre qui sera peut-être infranchissable comparé à celle précédente. Le tracé initial m’emmenais jusqu’au « Monestario San Juan de la Pena » par Botaya mais je me résous à rejoindre Javierrelatre par les petites routes afin de passer la seconde difficulté dès l’après-midi.

La déception s’estompe vite car les petites routes serpentent dans la campagne, la circulation est inexistante, la météo parfaite et les paysages très agréables.

Il n’y a aucun ravitaillement à Javierrelatre, mais je prends une bière au bar du village en discutant avec quelques Espagnols, admiratifs de mon voyage. J’ai le syndrome du super héros et repars boosté à 200 %!

Une fois avoir passé la centrale hydroélectrique et traversé le Rio Gallero, la portion difficile jusqu’à Rasal commence. Distrait à Javierrelatre, j’ai oublié de me remplir mes gourdes, quasi vides… quel super zéro !!

Rapidement, la piste laisse place à un sentier, puis le sentier devient très technique, puis impraticable… Les pourcentages dépassent les 15 %, la végétation a pris le dessus. Les ronces m’arrivent jusqu’aux épaules, la piste a disparue et je n’arrive plus à m’orienter. Quelques jurons fusent alors que j’active le GPS. Sa précision est faible pour se repérer dans cet environnement, je reviens plusieurs fois au même endroit avant de comprendre qu’il faut passer le long d’une combe étroite, à flanc de précipice, en portant le VTT… C’est risqué mais après ce passage, le sentier réapparait. Il faut continuer à pousser sur ces pentes pendant plusieurs kilomètres, la notion du temps m’échappe, je parle tout seul pour rester mobilisé malgré la fatigue. Je suis au bord du « Bike-Out ». Puis, en observant les sommets enneigés au loin, j’aperçois un panneau de randonnée en haut de la crête ! Quelques efforts supplémentaires sont nécessaires pour arriver sur le chemin puis, en haut du col, sur une belle piste avec une vue dégagée sur la vallée de Rasal.

La terre est sèche et dure comme de la roche et la végétation aride et piquante, impossible de trouver une zone de bivouac. Je demande l’hospitalité à Rasal mais c’est plus compliqué qu’en Amérique du sud, d’autant plus pour un homme seul. Finalement, j’attends le coucher du soleil pour bivouaquer près d’une ruine sur les hauteurs du village. Quelle journée !

Le 5ème jour, la température est de -8°C au réveil, mon duvet a gelé dans la tente ! Le temps de prendre le petit déjeuner et de tout mettre en place sur le vélo, l’extrémité d’un de mes doigts a gelé. Ça passe inaperçu jusqu’à l’apparition d’une douleur atroce, 1h plus tard, au dégel…

Une petite route m’emmène vers l’est en direction d’Arguis, puis au « Collado de Barza », à 1126m d’altitude, je poursuis la montée jusqu’à un col sans nom (1450m) par la piste en direction de Bolea.

Cette piste est extraordinaire, avec des vues sur les sommets enneigés, des roches aux teintes variées et une végétation composées de petits arbres aux feuilles persistantes et de grandes mousses vertes ultra-piquantes. Un bon contrôle de trajectoire s’impose pour éviter la crevaison.

J’arrive à midi en haut du col, où une belle esplanade herbeuse a été aménagée avec une table de pique-nique. Allongé dans l’herbe, mes pensées divaguent quelques instants, seul au monde, bien loin des 6000 pensées quotidiennes de notre mode de vie occidental.

Je descends prudemment vers Bolea car les pentes sont raides et les virages serrés en dévers, puis mon tracé prends la direction nord-ouest vers Anies. La température remonte brutalement dans la plaine et est difficile à supporter ! Après quelques galères pour franchir une piste où tous les arbres en bordure ont été élagués et les branches laissées sur le passage, le château de Loarre apparaît en surplomb. L’édifice est magnifique et bien exposé au soleil descendant en cette fin de journée, alors je grimpe par une route à fort pourcentage jusqu’au panorama du château et des environs.

Ensuite, facile, grande descente jusqu’au camping pour prendre une douche bien méritée, un repas un peu trop copieux et passer une nuit sur une belle pelouse plate (si si ça existe en Espagne).

Le 6ème et dernier jour, direction le « mirador de los buitrès » qui offre dans la matinée la meilleure luminosité possible. La vue sur les pics rocheux est incroyable. Des aigles tournent dans les airs, profitant des premières ascendances thermiques de la journée. Ils ont visiblement l’habitude de la présence humaine et s’approchent progressivement, par curiosité, en conservant une distance de sécurité.

La descente jusqu’au village de « La pena de los riglos » se fait sur un sentier étroit et aux pentes bien trop raides pour monter en selle. Le village est dynamique, il y a du monde, des grimpeurs de toutes nationalités qui viennent gravir les pics rocheux. C’est un changement un peu brutal après ces quelques jours coupé du monde, alors je poursuis mon chemin. Il y a des oliviers dont la circonférence du tronc est énorme ! Quel âge peuvent-ils bien avoir ?

J’atteins rapidement Murillo de Gallero ou un habitant me conseille un détour par des pistes plutôt que par le sentier, qui est selon lui impraticable à VTT. Je me laisse tenter malgré les quelques déboires en Amérique du Sud après des conseils fâcheux… C’est finalement une bonne surprise, et la piste débouche au dessus d’Aguerro, proche de « los mallos de Aguerro ».

La semaine de VTT en solitaire s’achève et le trajet du retour me permet une transition en douceur. J’ai les jambes en coton, des souvenirs plein la tête et une grande envie de retrouver mes proches. L’immersion dans des lieux naturels préservés à vélo, une dose plus ou moins raisonnable de difficulté et quelques bivouacs constituent un vrai plaisir. Le même lieu atteint par des moyens motorisés ne procure pas les mêmes sensations. En Amérique du sud, nous avons vu passer un motard qui n’a même pas tourné la tête, alors que nous observions, bouche bée, depuis de longues minutes, le panorama extraordinaire du Portachuelo llanganuco après une montée éprouvante. C’est tous ces éléments combinés qui nous amènent vers une forme « d’accomplissement de soi ».

Depuis la montée du Ventoux et encore plus après ce voyage, je comprends mieux l’envie de Mélodie d’écrire nos aventures à vélo. Auparavant, ça me semblait trop ostentatoire. Je le ressens désormais plus comme une façon de revivre et faire vivre aux autres nos aventures, partager les émotions et ces moments intenses par le texte et les photos. C’est avoir l’espoir de déclencher chez ceux qui lisent ces lignes, d’oser leurs propres aventures, qu’elles soient à vélo ou non, car nous sommes parmi ceux qui ont la chance extraordinaire de pouvoir les accomplir.

Merci à Mélodie et Auguste de m’avoir accordé ces quelques jours !

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Petites boucles françaises 2021

Cette année, nous avons profité de vacances vélo-camping réorganisées à la dernière minute!

Initialement, au vu du contexte lié à la crise sanitaire, nous avions décidé d’organiser un circuit en Lozère pour éviter les annulations au dernier moment. L’itinéraire prévu traversait les alentours du mont Lozère, les causses et les gorges du Tarn pour finir sur le plateau de l’Aubrac, tout cela à VTT par un maximum de pistes.

Nous profitons le premier soir d’un accueil très chaleureux chez une famille de cyclistes avec qui nous passons une bonne soirée. Auguste s’amuse bien avec les enfants mais le coucher se révèle très difficile… nous avons droit à de grosses crises de pleurs, Auguste n’ayant plus ses repères. Il s’endort enfin à 23h d’épuisement et nous aussi!

Nous partons le lendemain pour notre première journée. Il fait beau et nous commençons la journée par une belle côte qui nous met bien en jambes, avant de rejoindre un chemin de halage le long de la Lozère. Après quelques courses en ville, nous progressons sur une piste grimpant en foret. On sent vite notre manque d’entraînement depuis presque deux ans et le poids trop élevé de notre chargement. En effet, Pierre tire près de 23kg entre la remorque et Auguste, plus deux petites sacoches, la tente et un peu d’eau. Quant à Mélodie, ses sacoches arrières pleines à raz bord de nourriture et de quelques vêtements de rechange en plus du matériel de camping, doivent approcher les 15kg… (nous avons pris un stock de 3 j pour les repas d’ Auguste). De quoi nous rappeler quelques souvenirs des premiers tours de roues lors de notre tour d’Amérique du sud!

Après une bonne pause pique-nique nous repartons sur des pistes un peu caillouteuses traversant les causses de Lozère. Nous roulons au milieu des champs encore bien verdoyants pour la saison grâce aux pluies  régulières de ces derniers temps. Nous profitons de superbes vues alentours. Les bords de chemin sont recouverts de fleurs aux couleurs vives attirant les papillons qui virevoltent à nos côtés.

Malgré tout, la fatigue se fait vite ressentir pour nous deux mais heureusement nous arrivons chez notre hôte de la nuit qui nous offre encore une fois un accueil des plus sympathiques. Nous sommes épuisés mais Auguste quand à lui est en pleine forme à notre arrivée et nous avons du mal à suivre le rythme! Fini le temps où l’on profitait de la fin de journée pour se reposer et récupérer, il faut trouver des occupations pour qu’il se défoule un peu et s’amuse aussi. Nous faisons un petit tour du hameau à pied et Auguste ne se lasse pas de tenir compagnie à un « mama » (comprenez :  lama) un peu esseulé juste derrière la maison.

Le soir, après une deuxième crise de pleurs incessants pour le coucher et au vu de notre épuisement pour une étape la moins difficile du parcours prévu, nous réfléchissons à modifier la suite des vacances. Nous souhaitons profiter pour nous reposer ,et non pas accumuler encore plus de fatigue, et surtout profiter en famille. Il faut que nous trouvions un compromis pour rendre cela plus agréable pour Auguste qui est très sage lorsque nous roulons mais qui manque de repère lors de nos arrêts et qui est donc très énervé le soir. Il faut dire que nous n’avons pas eu le temps de refaire des tests avant ces vacances. Après beaucoup de réflexion nous décidons de faire demi tour le lendemain et de rentrer à la maison car par dessus tout de gros orages sont annoncés pour toute la semaine… nous sommes un peu déçu car la région à l’air superbe et que nous n’avons pas l’habitude de renoncer en cours de route mais nous gardons cette destination en tête pour y retourner avec un peu plus d’entraînement!

De retour à la maison nous cherchons comment organiser la suite des vacances car nous avons tout de même envie de bouger, de faire du vélo et un peu de camping tous les trois. Les deux jours suivants s’annonçant ensoleillés en Corrèze nous repartons le lendemain à 1h de la maison, en Haute-Correze. Nous nous installons pour deux nuits dans un joli camping ressemblant à un grand parc arboré, encore très calme en cette fin de juin. Il y a des jeux pour enfants, des animaux. Auguste est ravi !

On prend tranquillement nos marques côté organisation car ça nous change beaucoup avec Auguste qui ne nous laisse guère de répits! Pierre monte la tente ( nous avons changé pour un modèle autoportant avec intérieur et toit séparé, plus facile et rapide à monter seul), ensuite Mélodie s’occupe d’installer le matériel de couchage. Pour le repas c’est Pierre qui gère la cuisson pendant que Mélodie aide Auguste pour son repas. Nous avons la chance qu’il mange de tout et en morceaux, froid ou chaud, cru ou cuit, ce qui nous facilite la gestion des repas en camping! Ce qui est moins aisé est d’arriver à le faire tenir assis tout le temps du repas… Pour ce qui est du couchage, Auguste entre nous deux dans la tente ne s’endort pas facilement, il joue,  est fatigué mais excité comme une puce. On lit, on chante mais il est difficile de le canaliser, surtout qu’à cette période il fait jour tard dans la tente. Mais vers 21h tout le monde dort!

Durant ces deux journées,  nous partons nous balader sur de jolies petites routes très tranquilles parcourant les vallons de  Haute-Corrèze. Notre première boucle nous emmène au travers de la campagne sud de Bugeat jusqu’à Pradines puis nous remontons par une piste roulante le long du lac de Viam. Nous y faisons une pause goûter l’après-midi. Le temps pour Auguste de jouer un peu dans le sable et d’observer les quelques pécheurs qui quittent le bord du lac en barque.

Notre second tour s’oriente plus au nord. Nous parcourons le début du plateau de Millevaches par de petites départementales mêlant passage en forêt, tourbières, landes où l’on profite d’une nature sauvage couverte de genêts, bruyères et digitales mauves. Nous profitons de beaux panoramas sur les étangs aux alentours de St Merd les Oussines. Nous croisons très peu de voitures, c’est agréable! Comme quoi il n’y a parfois pas besoin de partir loin pour être dépaysé et ressourcé!

Nous profitons de notre soirée à la maison pour décider de notre destination pour la deuxième semaine de congés. Si on souhaite minimiser les risques de pluie et trouver le soleil peu de choix s’offrent à nous… ce sera sud-est ou pourtour méditerranéen. Souhaitant rester dans des endroits préservés et peu fréquentés, nous arrêtons notre choix sur le parc du haut Languedoc. Nous trouvons rapidement l’adresse d’un paisible petit camping sur les hauteurs du lac de Laouzas que nous rejoignons le dimanche. Le lieu est superbe, isolé, il n’y a qu’une dizaine d’emplacements, vue sur les champs et forêts environnants. Il y a même une petite piscine face à ce panorama, dont nous ne profiterons malheureusement pas avec les fraîches température de la semaine…

Le lundi, nous partons du col de Sié au dessus de Lacaune pour une boucle d’une trentaine de kilomètres. Le temps est maussade, nous roulons dans le brouillard sur les premiers kilomètres. Une longue descente nous amène à Saint sever du Moustier, charmant village au creux de la vallée du Toudoure. La route serpente ensuite en faux plat descendant jusqu’à la bifurcation de Belmont sur Rance où nous tournons sur la D32 pour remonter jusqu’au col de Sié. L’ascension est en pente douce, on reprend progressivement de l’altitude jusqu’au sommet à près de 1000m. Après la pause déjeuner nous roulons sous une petite pluie fine avec un brouillard qui nous masque les panoramas dont on aurait pu profiter par temps clair. Nous terminons la boucle assez rapidement et après quelques courses sur le retour, nous rejoignons le camping avec de belles éclaircies! On profite un peu pour jouer avec Auguste puis nous descendons au village de Nages où nous avions repéré un sympathique bar-restaurant. Nous y prenons un petit apéro en terrasse: vin blanc pour Mélodie et bière artisanale pour Pierre. Auguste quant à lui se régale des quelques biscuits apéro! Il est fasciné par les deux petites grenouilles ayant élu domicile dans la fontaine de la terrasse, c’est tellement magique de le voir s’émerveiller de tout!

Le lendemain matin nous nous réveillons avec la pluie… on se décide alors à prendre la voiture pour aller un peu plus loin tenter de trouver quelques rayons de soleil. On part en direction de la méditerranée par la D922 qui nous offre de sublimes vues sur les sommets alentours après le passage du col de la Croix de Mounis. C’est d’ailleurs à partir de là que le ciel se dégage. Nous descendons jusqu’à St gervais sur Mare où nous stationnons la voiture. Nous préparons les vélos, installons Auguste dans son carrosse, faisons un stop à la boulangerie du village puis nous montons en selle pour notre circuit improvisé du jour. Depuis le fond de la vallée de la Mare à 300m d’altitude, nous entamons la montée jusqu’au col de la Font (830m). Nous roulons tantôt sur de petites routes sans aucun trafic, tantôt sur une piste carrossable. Les lacets après le col de Cabanes nous dévoilent de splendides panoramas. Les sommets sont recouverts de bruyères et de genêts en fleurs. On aperçoit même la mer à l’horizon. Dans notre lancée, nous en ratons l’intersection pour rejoindre notre point de départ et montons jusqu’à un hameau un peu plus haut avant de faire demi-tour. Il faut dire que la route que l’on cherchait pour le retour s’est révélée n’être qu’une piste! Heureusement il ne reste que de la descente et c’est assez roulant donc nous n’avons pas trop de difficultés avec nos vélos de route. Les paysages sont superbes une fois de plus. Nous rentrons très heureux de cette belle journée!

Le soleil étant au rendez-vous en cette fin de journée nous profitons pour aller nous balader au Pic-du-Montalet, qui offre un point de vue à quelques kilomètres du camping .

Après une bonne nuit de sommeil, nous prenons tranquillement notre petit déjeuner et puis c’est parti pour une nouvelle balade quotidienne. Ce matin le soleil est de la partie et nous comptons bien en profiter. Nous enfourchons les vélos pour un circuit a la découverte des alentours. Nous enchaînons les montées-descentes des cols environnants qui nous font franchir plusieurs fois les 1000m d’altitude. Nous passons les cols de Rieugrand, Fontfroide, la Bane jusqu’à rejoindre Fraysse sur Agout où nous faisons une jolie pause repas sur la place fleurie de l’église, au bord de l’Agout. Pour la suite nous devons changer notre itinéraire initial car une route est fermée pour cause de travaux de chaussée. Nous rejoignons les bords du lac de Laouzas dont nous effectuons le tour par la rive sud. La route ombragée est très tranquille. Nous rentrons par Nages où l’on s’arrête comme presque chaque soir à l’aire de jeux pour enfants. Auguste s’amuse beaucoup, il enchaîne séance de toboggan, balançoire…

Pour notre dernière journée nous décidons de ne pas faire de vélo et d’aller se balader et visiter les environs. Nous allons découvrir le début de la réserve de l’Espinousse. La route à flanc de falaise est magnifique et l’on s’arrête à plusieurs points de vue. Nous allons nous balader un peu en forêt. Auguste marche avec nous, il observe les fleurs, les insectes, les papillons… Le midi nous allons pique-niquer au bord du lac de Vésoles. Nous trouvons une table à l’ombre du bois puis nous allons marcher au point de vue du lac. Nous partons ensuite pour la maison de Payrac, une ancienne ferme du 19è siècle réhabilité en petit parc ludique et pédagogique pour enfants. La saison n’est pas commencée mais nous pouvons tout de même nous y promener. On approche quelques brebis, Auguste est ravi. Il grimpe accompagné de son papa dans une des cabanes en bois, marche fièrement sur les passerelles de la zone de marécage et fait coucou chaleureusement à toutes les personnes rencontrées! Sur le retour, nous nous arrêtons au village pour un dernier apéro. A peine arrivés Auguste va dire bonjour aux grenouilles qu’il n’a pas oublié depuis l’autre jour. Le restaurateur lui offre une belle assiette de cerises et abricot dont il se délecte.

Nous rentrons à la maison le vendredi, contents, malgré tous ces changements, de nos vacances et de ce temps précieux passé en famille. Nous avons pu commencer à prendre nos marques à trois pour l’organisation en camping. Nous souhaitons reprendre un peu l’entraînement et organiser des sorties/ week-end plus souvent pour habituer Auguste. Il pourra ainsi prendre plus de repères et on espère pouvoir retenter l’année prochaine un itinéraire cyclo-camping en France ou à l’étranger.

Le ventoux en solitaire

Durant les quelques jours en famille dans les baronnies, j’aperçois au loin le sommet du Ventoux. Voilà plusieurs années que je l’observe depuis le ciel de Mévouillon, où je me rend quasiment tous les ans pour une semaine de parapente. Cette année, pas de parapente car le contexte était trop incertain, c’est frustrant… Le passage dans la région me donne l’envie et l’occasion de tenter l’ascension du Ventoux à vélo, comme une petite revanche personnelle à ce coup du sort que l’on subit tous.

Après le tour en famille, nous avons encore quelques jours sur place, mais maintenant j’hésite… Nous n’avons pas fait beaucoup de vélo depuis la naissance d’Auguste et le confinement n’a rien arrangé. 3 jours à vélo et mes mollets m’indiquent plutôt le canapé. J’ai enchaîné des semaines de travaux dans notre nouvelle maison et je me remets lentement d’une saleté de virus depuis mi-juillet (pas le Covid). Un coup d’œil à la météo m’annonce grand soleil mais beaucoup de vent au sommet. Le mardi semble être la meilleure journée mais il va falloir partir tôt car le vent forcit en fin de matinée… c’est décidé, je tente l’ascension par Malaucène, le versant le moins exposé !

Réveil à 5h, départ à 6h, de nuit, depuis Malaucène. Le village est désert. Je m’attendais à voir des cyclistes matinaux mais il n’en est rien! J’attaque la montée seul, à allure réduite et à la lumière de ma dynamo. Mes souvenirs du vent Patagonien sont encore présents et je voulais mettre toutes les chances de mon côté pour éviter ou limiter l’exposition à la soufflante.

Les premières pentes donnent tout de suite le ton. Dans la pénombre, je distingue les pourcentages à 2 chiffres tracés sur la route. Il va falloir de l’humilité pour affronter les 21km de montée du géant de Provence ! J’adapte mon allure.

Je quitte les dernières lueurs du village, les étoiles scintillent entre les sapins. L’air est doux, mais la température baisse progressivement avec l’altitude. Je m’attends à me faire doubler rapidement par les cyclistes hypers entraînés mais après quelques kilomètres, je suis toujours seul, pas même une voiture. Le sommet est fermé aux véhicules pour travaux mais reste pourtant accessible aux cyclistes.

Le silence règne, j’ai trouvé mon rythme et j’en ai encore sous la pédale mais il reste encore plus de 10km à gravir, je profite du moment. Le ciel commence à s’éclaircir à l’est et je découvre le panorama au lever du jour lorsque les arbres s’espacent un peu, c’est déjà grandiose.

A mi-chemin, les pentes durcissent, je ne repasse plus sous les 10% pendant 4 kilomètres, avec une portion à 14%. La fatigue des jours précédents s’est envolée, j’ai un bon ressenti, est-ce l’ivresse du sommet qui commence à me gagner? Je n’ose pas accélérer, il faut savoir rester humble, un coup de fringale est vite arrivé !

Jpeg

Aucun signe de vent, j’observe et j’écoute, rien. Les conditions parfaites ! Arrivé au chalet Reynard, je ne vois toujours pas le sommet. Une épingle à droite et les pentes s’accentuent à nouveau dans une portion de foret. Le soleil levant m’éblouit sur un bon kilomètre. Puis, à la sortie d’un virage j’entre dans la gravière et j’arrive face aux derniers lacets et à la tour du sommet ! Magnifique !

Jpeg

J’accélère, par simple bonheur d’arriver proche du but ! Dans les virages, j’entends des éboulis, une famille de chamois parcourt ces pentes impossibles. Un dernier lacet devant la « boule » et c’est la dernière ligne droite. Je me retourne et j’observe en contrebas, toujours aucun vélo ni aucun véhicule ! Incroyable ! Je franchi le sommet en solitaire, sans exploit mais avec la satisfaction d’arriver en haut d’un col mythique.

Jpeg

La vue est exceptionnelle malgré les travaux. Je reste bien 30min à observer le paysage et à faire quelques photos. J’engloutis un sandwich, j’enfile une doudoune et je m’élance à plus de 70km/h dans la descente. Les cyclistes commencent à monter en nombre alors que je dévale les pentes.

Jpeg

Il va maintenant falloir continuer l’entraînement pour pouvoir emmener Auguste vers d’autres sommets!

« Vu du biberon » – premier test à 3 !

Et oui nous n’avons pas publié depuis un bon bout de temps… Malgré les confinements, tout s’est accéléré dernièrement entre les travaux de notre maison et l’arrivée d’Auguste, notre nouveau petit cyclovoyageur, en février 2020. Nous avons commencé dès le printemps à faire quelques petits tours en vélo route puis VTT dans notre campagne corrézienne, pour habituer Auguste à sa remorque et Pierre à son nouveau chargement!

Après avoir du annuler nos vacances fin mai pour cause de confinement, nous avons reporté notre itinéraire cylocamping à trois à début septembre. Nous avons choisi une petite boucle de deux jours et deux nuits dans les Barronies Provençales, sur route pour un premier test!

Nous commençons par une nuit dans un camping à Rosans. Le montage de la tente s’avère un peu plus compliqué que d’habitude car Auguste ne tient pas en place et aime particulièrement goûter l’herbe du camping! Après avoir tout installé nous faisons manger Auguste avant de le mettre en tenue pour la nuit : body mérinos, chaussettes, pyjama, sur-pyjama et bonnet! Et il y a une couverture en laine en secours pour la nuit au cas où il ai froid. Après le biberon au coucher du soleil, il s’endort sans difficulté et passe une bonne nuit sur son petit matelas gonflant Thermarest, bien au chaud et rassuré entre nous deux.

Au petit matin, nous prenons le petit déjeuner dans la tente puis  nous allons jusqu’à Saint André de Rosans où nous laissons la voiture pour les deux jours. Après avoir tout installé sur les vélos et Auguste bien calé dans son siège coque, nous voilà partis!

Il fait beau et la température est idéale pour pédaler. Nous prenons des petites routes secondaires sans circulation, par les cols de Flachière et Serre Larobe. Le rythme est plus tranquille qu’à l’accoutumée : nous roulons 1h30 à 2h, le temps d’une sieste pour Auguste et de profiter de la balade puis nous nous arrêtons pour pique-niquer. C’est le moment pour notre petit voyageur de découvrir un nouvel environnement et de se dégourdir un peu car il est plutôt du genre à vouloir ramper partout et goûter tout ce qu’il trouve…

La matinée s’est terminée par une belle grimpette au col des Tourettes à 1125m. Nous sommes contents de faire une pause casse croûte à l’ombre. Juste derrière nous arrive un groupe de quelques cyclistes route qui s’arrêtent à leur tour pour le repas. Nous continuons la descente du col avec de jolies vues puis nous remontons une vallée encaissée entre les montagnes. Il fait chaud mais nous arrivons assez vite au camping ou l’on trouve un bel emplacement ombragé sous les pruniers! Le gérant tient une petite épicerie de produits locaux, on en profite pour prendre de quoi se désaltérer et une bonne terrine pour le soir… un hollandais en camping-car, installé au camping, part faire ses courses et nous demande si l’on veut qu’il nous ramène quelque chose pour le bébé. On accepte volontiers et il nous ramène de bons yaourts pour Auguste.

Nous repartons au petit matin dans la montée du col de « la fromagère » à 1070m. Le soleil nous réchauffe de ses premiers rayons et colore les paysage de jolies teintes dorées. S’ensuit une longue descente qui nous ramène à Rosans où l’on s’arrête faire quelques achats pour le midi. A la sortie du village Auguste commence à manifester son envie de bouger et l’on doit rapidement trouver un recoin pour une petite pause. Il est tout juste 11h et on repart avec quelques lacets en montée mais Auguste n’a décidément plus envie de rester dans sa remorque. On s’installe dans le premier virage pour le repas. Auguste est ravi. Il savoure son repas au grand air et profite du reste de la pause pour toucher, observer, et jouer avec tout ce qu’il trouve autour de lui (fleur, herbe, cailloux…) on a droit à aucune minute d’inattention! Mais quel bonheur de le voir s’émerveiller de tout…

Bien confortablement installé, il s’endort dès les premiers kilomètres, bercé au rythme de nos roues. Nous profitons de sa sieste pour avancer. Les paysages sont très beaux, le soleil est radieux, l’air est doux, un vrai régal!

Nous rejoignons Saint André de Rosans en début d’après midi. Il nous faut un peu de temps pour tout plier et remettre dans la voiture. Une fois les vélos chargés à l’arrière nous voilà sur la route du retour. Une belle petite escapade qui nous a permis de faire un premier test concluant et qui nous donne déjà envie d’échappées plus longues pour 2021…

Carte Travelmap: https://melopierre28.travelmap.net/baronnies-septembre-2020

Une semaine à VTT en Pyrénées Catalanes

Arrivés chez nos hôtes Warmshowers Cathy et Philippe à Sahorre le samedi soir nous sommes chaleureusement accueillis avec un petit apéro et un très bon repas de produits frais, locaux et bio comme on aime! Nous passons une très belle soirée en leur compagnie, à discuter de vélo, de voyage, de parcours de vie… des échanges très enrichissants, on se sent comme chez des amis!

Après une bonne nuit de sommeil et un succulent petit déjeuner fait maison, nous prenons la route au son des cloches de l’église Saint Etienne à 9h et quittons le village par une jolie descente dans une vallée verdoyante, aux champs de pommiers bien garnis. Nous traversons le village médiéval de Villefranche de Conflent, bien paisible à cette heure là un dimanche. Nous rejoignons ensuite Ria assez rapidement par un tronçon de nationale. Le village est perché sur un éperon rocheux, et nous entamons à partir de là la remontée de la vallée menant à Nohèdes. Nous grimpons par une petite route paisible serpentant en corniche de 400 à 950m, avec de belles vues sur les sommets environnants. Il fait chaud et nous avons pour une fois le vent dans le dos ce qui facilite notre progression! Après les typiques petits villages en pierres de Conat et Betlans nous bifurquons sur une piste menant jusqu’au lac de Nohèdes. Le denivelé s’accentue progressivement mais les paysages sont superbes et nous sommes ombragés. On pédale en remontant le cours d’un ruisseau qui apporte un peu de fraicheur. Nous sommes accompagnés de quelques papillons qui virevoltent autour de nous et nous traversons de belles forêts de feuillus et de pins. Nous croisons quelques 4×4 de chasseurs qui s’arrêtent pour nous encourager! Après la pause picnic les dénivelés s’accentuent et la fatigue commence à se faire sentir… nous avons effectivement bien perdu de notre condition physique du voyage en Amérique latine! Et il faut dire que notre futur petit cyclo-voyageur de 15 semaines de grossesse augmente la fatigue de sa maman! Nous avançons à notre rythme et faisons même un détour pour monter au col de Portus à 1736m d’altitude mais malheureusement il n’y a pas vraiment de point vue… nous redescendons donc au lac Estany del Clot pour y passer la nuit. Le cadre est splendide, le lac aux eaux cristallines est entouré de sommets aux prairies d’un jaune vert éclatant parsemées de pins. Quelques vaches paissent en toute liberté sur les rives. Un cadre idyllique pour un beau bivouac. Nous nous abritons sous les arbres du vent frais qui descend des sommets pour la nuit, préparons un bon repas rassasiant avant une bonne nuit de repos bien mérité!

Le lendemain matin nous déjeunons avec les premiers rayons du soleil qui nous réchauffent tranquillement. Nous profitons une dernière fois du beau panorama avant de reprendre la longue descente vers Nohèdes. Nous traversons encore une fois ce charmant village en pierre accroché à la falaise puis bifurquons sur un sentier qui remonte à flanc de montagne. Les vues sont superbes. Nous avançons à pied à coté des vélos car le sentier est très étroit et non roulant. Heureusement il n’y a qu’1,5km… cela reste très agréable car nous progressons bien et sommes envoûtés par les odeurs de thym et autres plantes sauvages. Arrivés au col de Marsac nous retrouvons la piste principale qui monte au col de Tour à 1506m. La piste est roulante et ombragée, nous traversons quelques flaques de boue… après le déjeuner nous poursuivons sur une piste herbeuse en sous bois jusqu’au refuge de Caillau entouré d’une vaste prairie verdoyante. Après la descente au col de Jau nous bifurquons sur une piste forestière au bout de laquelle il nous faut traverser un cours d’eau non indiqué sur la carte.. et sans pont! Nous passons sans trop de difficultés mais nous devons ensuite remonter un talus fort pentu.. Pierre hisse tant bien que mal les deux vélos successivement jusqu’en haut. Nous retrouvons ensuite une belle piste puis une longue descente sur la route menant au croisement en dessous du village de Roquefort de Sault où nous avons prévu de passer la nuit au camping vu les intempéries annoncées pour la nuit. Mais l’arrivée n’est pas si simple… nous devons remonter une pente ardue jusqu’au village. Pierre monte tranquillement tandis que Mélodie finit en poussant le vélo! Heureusement nous arrivons dans un joli petit camping très calme, bien aménagé et propre, avec même une grande salle à manger si besoin pour se mettre a l’abri la nuit ou pour manger. Le soir, nous tombons rapidement de sommeil dans nos duvets après cette deuxième grosse journée!

La pluie s’est mise à tomber dans la nuit et ne s’arrête plus… nous prenons le petit déjeuner dans la salle commune puis enfourchons nos vélos dans nos tenues complètes anti-pluie! Nous avons modifié l’itinéraire prévu compte tenu de la météo annoncée (alerte orange aux pluies..). Nous allons éviter la boucle sur la piste en foret et plutôt continuer par la route. Nous montons au col du Garavel à 1256m, il ne fait pas chaud.. des dames croisées en route nous crient que nous allons trouver la neige sur les hauteurs! On espère pas… après être descendu en fond de vallée à Escouloubre les bains, nous tournons sur une étroite route en corniche en direction de Carcanières. Une inscription au sol retient notre attention et annonce la couleur : « ça va piquer » ! En effet nous allons grimper environ 3km à plus de 10%… les pentes sont raides mais nous avons droit à une courte accalmie de pluie. Nous atteignons ensuite Quérigut par une piste herbeuse avec vue sur le village et les sommets qui commencent à se couvrir de neige! Arrivés au centre à midi, nous pensions nous arrêter là pour la nuit et refaire le plein de nourriture mais la surprise est de mauvais goût… le camping est déjà fermé à cette époque, le seul hôtel est fermé jusqu’au lendemain, il n’y a personne dans les rues et le commerce ne rouvre qu’à 16h… Heureusement nous nous rappelons que Cathy et Philippe, nos hôtes de Sahorre nous avaient parlé d’une maison de famille dans le coin où nous pourrions bivouaquer. Nous leur téléphonons et c’est encore mieux que prévu… ils nous ont laissé leur caravane ouverte! Nous pouvons donc passer l’après midi au sec, une aubaine vu la pluie battante au dehors. Nous les remercions encore de leur générosité!

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Après une nuit reposante, nous prenons la route pour Mijanes sous un temps très couvert et une fine pluie. Sur les hauteurs du village nous empruntons la piste forestière de la Bruyante et montons progressivement à 1700m d’altitude. Il fait froid et nous sommes bien humides … heureusement nous trouvons un joli refuge où nous mettre à l’abri pour pic-niquer le midi. Pierre allume la cheminée et nous faisons sécher les vêtements de pluie. Lorsque l’on repart la pluie diminue et le brouillard se lève un peu. La piste est superbe, bordée de forêt dense aux sapins et feuillus entremêlés et couverts de lichens. On croise de nombreux ruisseaux tumultueux et l’on en profite pour refaire le plein d’eau grâce à notre petit filtre de voyage. S’ensuit une bonne descente jusqu’au lac de Puyvalador que nous longeons en surplomb par un sentier herbeux jusqu’au tout  village-hameau de Real. Nous pédalons ici dans la vallée entrée Formigueres et la sierra Madre. Nous passons l’abbaye de Villeneuve de Formigueres, isolée au milieu des champs puis trouvons un terrain pour camper la nuit. Les sommets se dégagent progressivement grâce au vent qui se lève et nous profitons même de quelques rayons de soleil en fin de journée qui nous permettent de bien faire sécher toutes les affaires!

La nuit a été fraîche et humide mais heureusement nous étions bien au chaud dans nos duvets et tenues mérinos! Nous sortons de la tente dans la brume matinale. Le soleil se lève derrière la montagne et les premiers rayons nous réchauffent lorsque nous démarrons. Nous rejoignons Formigueres à travers champs. La brume s’évapore peu à peu et nous laisse entrevoir les sommets enneigés alentours. Nous rejoignons la vallée du Galbe que nous remontons ensuite par une piste au creux des montagnes puis un sentier forestier étroit et très pentu (20% sur environ 500m..) qui nous oblige à beaucoup pousser les vélos. Nous atteignons un replat à 1700m d’altitude, au pied de la station de Formigueres, d’où nous continuons l’ascension jusqu’à 1900m sur une large piste roulante. Nous longeons le flanc de montagne d’où nous profitons de splendides panoramas sur les sommets environnants et d’un grand ciel bleu! S’ensuit une longue descente jusqu’à une vallée verdoyante où paissent de tranquilles troupeaux de vaches en estive sur les berges d’un ruisseau aux eaux cristallines. Nous sommes enchantés par ce paysage rafraîchissant et en profitons pour faire une pause pic-nic! Nous remontons ensuite un autre versant jusqu’au paisible lac de Valserrat avant de rejoindre Les Angles où nous avons loué un studio pour la nuit. Nous nous détendons avec une bonne douche avant d’aller faire quelques courses à la supérette et de profiter d’un bon repas au chaud!

Le lendemain, nous partons en traversant le centre historique tout en pierre puis descendons jusqu’au lac de Matemale. Les abords sont recouvert de foret-marécage. Nous bifurquons sur une piste forestière aux forts pourcentages avec beaucoup de passages caillouteux où il est difficile de garder l’équilibre et d’avoir un effort constant. En haut, nous longeons un autre étang sur des ponts-passerelles puis nous avons une jolie partie entre sous-bois et clairières. Passé le village de La Llagone nous empruntons la route sinueuse du col de la Llose que l’on atteint à 1870m d’altitude. Nous traversons ensuite la foret communale et passons successivement plusieurs cols d’où nous avons de splendides points de vue sur le sommet du Canigou. Le temps se couvre. La piste redescend en balcon avec des panoramas plongeants sur la vallée de Formigueres où nous campions deux jours plus tôt! Au col de Creu nous prenons la direction du col de Sansa. Nous pensions bivouaquer vers les lacs verdoyants des Estanyols mais il y a déjà du monde au refuge et nous préférons redescendre pour trouver un coin plus au calme. Mais le détour valait la peine. Nous trouvons finalement notre bonheur pour poser le campement entre les pins au Pla de Gil et profitons d’une belle fin d’après-midi paisible. Nous apercevons même deux chevreuils aux jumelles!

Notre dernière journée débute par une longue descente jusqu’au village de montagne de Sansa, puis jusqu’à Railleu. Nous avançons progressivement sur des petites routes sans trafic, alternant montées et descentes. Nous traversons des villages où semble régner une sérénité et un calme absolu… Nous arrivons non loin d’Olette d’où nous entamons une remontée ardue jusqu’au sommet au dessus de Souanyas. Nous nous arrêtons pour un bon casse-croûte à l’ombre après avoir bien sué dans la montée sous un soleil de plomb! La fin du parcours est plus facile, en descente plutôt douce jusqu’à rejoindre Sahorre (bon, on ne compte pas la courte remontée d’Escarro au col de Finn qui puise dans les dernières ressources de Mélodie…). Nous retrouvons Cathy et Philippe qui sont en compagnie de leurs petits-fils, de grands sportifs en herbe! Nous profitons d’une belle discussion autour d’un café à l’ombre dans leur coquet jardin avant de ranger les affaires et de prendre la route du retour (en voiture cette fois!)

 

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Travelmap : https://melopierre28.travelmap.net/pyrenees-2019/

Dix jours en boucle dans les Highlands

Cette année, pour profiter de la fin de l’été, nous nous envolons direction l’Écosse. Nous partons à la découverte des Highlands, cette région de collines et de montagnes très peu peuplée et peu fertile dont les landes sont recouvertes de bruyères et de fougères parsemées de lacs.

Nous prenons un vol de Nantes pour Édimbourg avant de rejoindre Glasgow en train. Nous arrivons à la tombée du jour et sous la pluie chez Will, Myriam (nos hôtes Warmshowers) et leur souriant petit Olly dans la banlieue de Glasgow. Il n’est que mi-septembre mais ici à 19h30 le jour se couche déjà… Après cette journée passée dans les transports, nous apprécions l’accueil chaleureux de nos hôtes qui nous attendaient avec un bon repas indien cuisiné maison! Will est écossais et Myriam espagnole, de quoi travailler notre linguistique! Dehors on entend la pluie tomber à verse mais Will tente de nous rassurer: ce n’est pas toujours comme cela ici et il doit faire beau dans les prochains jours… La soirée n’est pas finie, nous assemblons les vélos et sacoches en 2h puis filons pour une bonne nuit de sommeil avant de commencer l’aventure…

Nous quittons Will et Myriam au petit matin, nous les retrouverons dans 10j à notre retour. Nous empruntons la piste cyclable de Forth and Clyde canal qui passe juste à côté de chez eux en direction de l’ouest. Nous effectuons quelques courses (un peu de nourriture et de gaz pour se cuisiner de bons petits plats) et tentons de nous habituer à la circulation à gauche… pas facile de changer des habitudes et réflexes que l’on a depuis l’enfance! On ne sait plus de quel côté il faut regarder en premier en traversant la route et il est surprenant de se faire doubler par la droite. Heureusement on suit assez longtemps la voie cyclable mais là aussi il faut penser à rouler à gauche! Au bout d’une trentaine de kilomètres nous atteignons Balloch où nous commençons les choses sérieuses : une belle côte à 15-16km nous amène au début du sentier de randonnée du Three Loch Way que nous suivrons la journée durant. Le temps est couvert mais nous avons de belles vues sur le Loch Lomond, le plus étendu de Grande-Bretagne. S’ensuit des portions de sentiers plutôt difficiles… fort gradients de pentes où il nous faut parfois pousser les vélos sur quelques centaines de mètres. Tout cela sous de grosses averses interrompues par de rares éclaircies qui nous permettent tout juste de sécher entre-temps. Arrivés au petit village d’Arrochar nous nous arrêtons dans un salon de thé pour déguster de bons gâteaux faits-maison. Malgré la pluie battante, nous décidons de poursuivre un peu jusqu’à la jonction de la piste du Loch Sloy où nous trouvons un très joli coin de bivouac pour la nuit. Nous profitons d’une petite accalmie pour installer la tente et prendre un bon repas avant de tomber de fatigue au chaud dans nos duvets!

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Le lendemain, nous rejoignons Inverarnan par une belle piste dans la forêt. Nous bifurquons ensuite sur l’itinéraire de randonnée West Highland Way qui va très vite se révéler bien plus adapté aux randonneurs qu’aux cyclistes, même à VTT…Le sentier est étroit, parsemé d’escaliers, il faut zigzaguer entre les randonneurs et il y a beaucoup de ponts et de barrières à moutons à franchir, toutes plus compliquées les unes que les autres et parfois cadenassées… Nous sommes donc obligés de défaire les sacoches pour porter les vélos par dessus. On s’épuise vite! Après le déjeuner on décide de reprendre la route pour éviter une autre portion compliquée jusque Tyndrum. La pluie est de retour et nous arrivons trempés au village où nous apprécions une bonne pause café (malgré son prix 2.7livres l’un!). Nous repartons sous de beaux rayons de soleil qui nous réchauffent et illuminent les paysages. La piste du WHW est ici plus roulante et agréable. Nous longeons ensuite la rivière Orchy et le Loch Tulla par une jolie petite route tranquille puis montons sur un chemin qui nous offre de superbes panoramas sur les collines et les landes alentours. Le contraste du ciel couvert transpercé de quelques rayons de soleils est éblouissant! Nous terminons la journée par une descente grisante au pied du sommet Meall a’bhuiridh culminant à 1090m. Mais encore une fois ce sera sous une grosse averse à 9°C et nous arrivons au bord de la rivière Etive glacés! Heureusement nous trouvons à planter la tente à l’abri sous une forêt entourée de cerfs!

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Notre troisième jour marque le retour d’un ennemi redouté… le vent! Nous partons sous de fortes rafales à travers le Glen Coe. Nous descendons cette vallée encaissée entre des sommets verdoyants parsemés de cascades et longeons les gorges de la rivière du même nom. Le vent faiblit au fond de la vallée et laisse place à… vous allez trouver tout seul! Heureusement nous roulons à longueur de journée avec l’équipement complet imperméable car souvent elle ne prévient pas et nous tombe dessus sans attendre! Nous traversons Kinlochleven sous des trombes d’eau et alors l’ondée s’arrête aussi vite qu’elle est venue! Nous traversons les terres par l’ancienne voie militaire pour rejoindre Fort William. La première partie est très sauvage mais un peu « encombrée » de randonneurs car elle fait partie de la WHW. Si l’on ne croise pas un seul cycliste VTT ou route au fil de notre parcours, nous aurons par contre croisé un nombre important de marcheurs!  Même si la cohabitation se fait très facilement il nous est parfois un peu lassant de voir autant de monde alors que nous sommes venu à la recherche de ces contrées  isolées! La piste est assez roulante malgré quelques cours d’eau à traverser dus aux fortes pluies de ces derniers jours. Nous sortons de la WHW par une petite route de campagne qui nous fait enchaîner des fortes pentes (18% !) jusqu’à redescendre sur la ville. Nous empruntons ensuite le Caledonian cycle way. Enfin du plat! Nous filons à toute vitesse avec un petit vent de dos, que c’est agréable. Nous profitons d’un beau soleil cet après-midi, la piste borde le Loch Lochy avec de splendides points de vue et traverse de belles forêts couvertes de tapis de trèfles . Nous posons notre campement en fin d’après-midi au bord du lac mais ne profiterons pas de la petite plage pour le dîner car une ondée fait son retour et nous mangeons dans la tente.

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Au petit matin on plie la tente trempée et l’on part sous de belles averses. On roule bien et on arrive vite à Fort Augustus, petit village niché au sud du Loch Ness. Le soleil se dévoile peu à peu et nous livrera finalement une belle journée! Nous nous engageons sur le Corrieyairack pass, une ancienne voie militaire qui nous fait grimper de 0 à 770m d’altitude. Les paysages sont fabuleux, teintés de couleurs automnales resplendissantes. Nous sommes éblouis par ces vastes espaces où l’on se sent coupé du reste du monde! La descente est d’abord un peu abrupte puis s’ouvre une large vallée parsemée de quelques bosquets. Nous croisons quelques troupeaux de bovins puis un beau groupe de daims surpris par notre présence. On ne s’attarde pas trop pour ne pas les déranger et continuons jusqu’au Loch Laggan au bord duquel nous nous arrêtons pour la nuit.

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L’averse matinale passée, nous reprenons notre chemin le long des chutes de la rivière Pattack. Nous montons progressivement jusqu’au Loch après avoir longuement chercher notre chemin  (la construction d’un barrage a modifié l’itinéraire du sentier mais rien n’était indiqué..). Encore une fois les paysages désolés et austères sont saisissants! Nous enchaînons ensuite quelques petites montées-descentes le long du Loch Ericht jusqu’à rejoindre Dalwinnie où l’on s’offre notre premier Fish’n chips. Copieux et rassasiant, parfait pour les cyclos! On poursuit avec un belle après-midi sur un sentier traversant des étendues immenses de bruyères, avec aucun signe de civilisation à l’horizon! On croise de nombreux faisans et pintades sauvages en route. Nous arrivons dans l’après-midi à Kingussie où nous avions prévu une nuit en Airbnb. Quel bonheur de retrouver une bonne douche chaude et un grand lit confortable!  Nous sommes gâtés avec de succulents gâteaux fait maison au goûter et nous dévorons de gros fish’n chips le soir en ville. Une étape reposante pour refaire le plein d’énergie avant notre entrée dans le parc national du Cairngorms les jours suivants…

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Nous partons en direction de Glenmore par la voie cyclable 7 parcourant une bonne partie pays. La route est tranquille, bordée d’arbres et de murets en pierres, mais nous devons faire attention aux nombreux écureuils roux qui nous tiennent compagnie! Il y a de nombreux panneaux avertissant de leur présence et incitant à la prudence des automobiliste pour protéger ces petits rongeurs grimpeurs.  A Glenmore, nous nous élançons sur la piste menant à Breamar par l’intérieur des terres du parc et le pass Lairig an Laoigh, réputé difficile mais faisable à VTT. Le chemin devient assez rapidement impraticable et là commence une dure journée pour nous… La montée se fait vite très raide avec des pourcentages atteignant les 15-20%, nous devons alors pousser. Mais ça n’est que le début… En un rien de temps une pluie glaciale et un vent puissant s’abattent sur nous rendant la progression encore plus difficile. Nous arrivons tant bien que mal au col mais la suite s’avère encore pire! Un large plateau d’altitude recouvert de toundra s’ouvre entre les montagnes basses et arrondies. Celles-ci sont parsemées de moraines inondées par les précipitations abondantes. Nous peinons à avancer et n’arrivons pas à remonter sur les vélos plus de quelques mètres… Et pour finir nous devons franchir trois cours d’eau de bonne abondance. L’eau est glaciale! Pierre doit porter les vélos vides pendant que Mélodie traverse avec les sacoches… Heureusement pas de chutes. Après 20km à pousser les vélos dans la boue, les cailloux, en montée puis en descente…on rejoint un sentier plus roulant qui s’élance dans une vallée ouverte parsemée de pins. Les couleurs du soleil couchant éclairant les flancs de montagne sur fond de ciel chargé rendent les paysages très scéniques. On rejoint un bothy (cabanes forestières réhabilitées et ouvertes gratuitement pour l’accueil des randonneurs et cyclistes) où l’on s’installe au chaud après cette journée éreintante !

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Après l’expérience d’hier nous modifions la suite de notre itinéraire pour sortir du parc. Nous ne souhaitons pas passer trois jours à pousser les vélos sur des pierriers et en plus le temps est plutôt mauvais… Nous décidons de prendre la route pour Braemar puis Pitlochry. Sans le savoir à l’avance, nous allons emprunter de belles routes avec assez peu de trafic. Mais le temps des jours suivants va être très maussade et nous profiterons malheureusement peu des paysages les derniers jours… Après Pitlochry nous rejoignons la route cyclable 7 que nous suivrons jusqu’au retour à Glasgow. Elle traverse de beaux paysages au milieu des Lochs, parcoure les campagnes où les moutons sont rois. La végétation trahit la météo… les arbres sont recouverts de mousses, il y a de nombreuses fougères, des lichens. Il ne doit pas y avoir souvent de soleil par ici! D’ailleurs nous essuyons tellement de pluie pendant ce séjour que même nos compteurs ont tiré leur révérence! Les vêtements gore-tex finissent par prendre l’eau par capillarité…bref on s’est fait rincer. On aura même droit à un orage en pleine nuit, 20mm de pluie par heure un matin et pour finir la tempête Ali! Cette dernière nous a bloqué un après-midi avec des vents à 110-130km/h qui ont empêché toute tentative de progression et même rendue celle-ci dangereuse à cause des chutes d’arbres.  Nous avons du nous arrêter dans un village où nous avons trouvé (sur les conseils du facteur) un coquette chambre d’hôte chez Janet qui nous a préparé le lendemain un copieux petit-déjeuner.

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Notre dernière journée a été plus tranquille niveau météo mais peu agréable avec la circulation à l’approche de Glasgow. Nous avons retrouvé Will et Myriam pour une chaleureuse soirée autour d’un bon repas que nous leur avons préparé en remerciement de leur accueil!

Vous l’aurez compris, l’Écosse ce n’est pas vert pour rien. On comprend pourquoi il y a plus de moutons que d’habitants!  Mais le pays est tout de même un paradis pour les randonneurs et les amoureux de nature sauvage (comme nous) à condition d’être paré à toute condition météo.

Nous avons pu goûter les spécialités culinaires (peu équilibrées mais pleines d’énergie) telles que les fish’n chips (poissons frit avec frites et quelques petits poids pour se donner bonne conscience) et le petit déjeuner complet (assiette avec oeuf, haricots rouges, saucisses, boudins, bacon, pains et frites pour caler le tout)! En dehors de ça, nous avons trouvé qu’il y a très peu de produits frais et que ceux ci sont chers car presque tout est importé.

Malgré les conditions plutôt difficiles nous avons apprécié de nous retrouver confrontés aux éléments, seuls dans des zones reculées où persiste une faune sauvage diversifiée ( daims, cerfs, écureuils, faisans …). Nous n’avons pas perdu notre goût du voyage en vélo même si, on l’avoue, il est plus agréable de pédaler dans de bonnes conditions météo! Nous serons par contre plus vigilant la prochaine fois aux itinéraires prévus et éviterons les sentiers de randonnées souvent non adaptés au passage à vélo (escaliers, pierriers…) entraînant de trop nombreux poussages / portages.

 

Photos : https://www.flickr.com/photos/melopierre28/albums/72157674058028448

Travelmap : https://melopierre28.travelmap.net/ecosse-septembre-2018/

A l’assaut des terres écossaises…

Et oui, cela fait bien longtemps que nous n’avions pas donné de nouvelles! Les projets d’itinéraires à vélo cette année ont été nombreux mais ont du être souvent modifiés et reportés…à l’année prochaine peut être!

Avec notre situation professionnelle un peu chaotique cette année nous avons quand même finalement réussi à obtenir deux semaines de congés en commun en Septembre! Décidé un peu au dernier moment (fin juillet), nous avons du chercher une destination pas trop loin, facile pour trouver des itinéraires VTT et nous voulions surtout pouvoir bivouaquer en pleine nature… Rapidement nous avons jeté notre dévolu sur l’Ecosse et ses grandes terres sauvages, ses lochs tout en acceptant sa météo capricieuse et les attaques de midges!

Nos billets d’avion en poche il ne nous restait plus qu’à préparer notre itinéraire pour se perdre un maximum dans des espaces reculés! En Ecosse cela est assez facile car il y a de grands parcs naturels et de vastes zones isolées, nous n’avons eu qu’à faire notre choix en fonction de la durée de notre circuit (10j). Nous nous sommes donc basé sur plusieurs itinéraires de randonnée et d’autres circuits VTT déjà connus: Nous suivrons alternativement la route cyclable 7, le Three Lochs path, la West Highlands Way, la boucle VTT du Cairngorms, des parties du Highlands trail 550…

En Ecosse l’accès à la nature est ouvert à tous  (en respectant le « Leave No Trace » c’est à dire de repartir avec tout ce avec quoi l’on est arrivé, pour ne laisser aucune trace de son passage). Nous pourrons donc rouler sur tous les sentiers et camper où bon nous semble sans avoir besoin de se cacher!  Nous pourrons profiter de la nature à 100%… et on a hâte!

Bien sûr il faudra faire avec les caprices de la météo et les midges (petites mouches qui piquent) mais on est équipés pour y faire face et préparés mentalement… enfin on espère!

Notre circuit passant par peu de grandes villes et surtout vu que nous ne prévoyons qu’un arrêt à mi parcours en logement (tout le reste sera en bivouac on espère), nous ne pourrons pas mettre à jour le blog pendant le voyage mais nous vous décrirons tout cela à notre retour!

Départ le 10 septembre de Nantes pour Édimbourg et retour le 21!

De El colmenar à Malaga

Bien reposés après une journée dans le petit village d’El Colmenar, nous reprenons la route en pleine forme. On commence la journée par une jolie montée progressive vers Gaucin. Le village est dressé sur une colline et dominé par les ruines du chateau del Aguila qui permettait de surveiller au loin la vallée du rio Genal jusqu’au détroit de Gibraltar. Nous traversons le village puis l’on continue la montée un peu plus loin. Nous entrons ensuite sur une piste forestière très tranquille bordée de feuillus divers. Nous descendons au fond de la vallée avant une courte mais pentue remontée vers le col de las Eras, d’où nous filons sur un sentier caillouteux jusqu’à Cañada del real Tesoro. Nous sommes attendus chez Saskia et Jo, un couple belge qui s’est installé ici depuis quelques années et qui nous accueillent chez eux pour camper. Ils louent une jolie petite maison andalouse au bord de la rivière. Nous sommes au calme et nos hôtes sont très sympathiques. On profite de la belle après-midi dans leur jardin en dégustant de bonnes mangues!

La nuit a été fraiche et humide avec la proximité de la rivière mais on a bien dormi au chaud dans nos duvets! On part vers 10h car une courte étape nous attend. On sort du village par une piste grimpant le long de la colline à travers des paysages variés : feuillus en bas, forêt de pins et petites plantes aux fleurs jaunes en haut. Nous avons de belles vues sur le versant opposé et les sommets autour de Cortes de la Frontera. Nous rejoignons ensuite la route vers Atajate, un calme village (aujourd’hui, car avant ce fut un haut lieu de passage des contrebandiers sur la route de Gibraltar à Ronda) situé à 750m d’altitude entre deux vallées. On prend le temps d’y boire un coup à une terrasse et de faire notre pause picnic. On finit la montée du col de Encimas Borrachas à 1000m d’altitude en début d’après-midi et l’on se trouve un joli bivouac au sommet d’une butte avec vue panoramique au loin sur la ville de Ronda. Superbe! On observe aux jumelles une trentaine d’aigles tournoyer toute l’après-midi au dessus des sommets et l’on a même la chance d’apercevoir un cerf descendre la montagne à la tombée du jour.


Au moment du coucher le vent se lève un peu. On s’endort mais on est rapidement réveillés par de fortes rafales qui secouent la tente… le vent se durcit dans la nuit et nous oblige à sortir retendre les cordes plusieurs fois mais sans réussite… le vent est si puissant que nous devons tenir les bords de la tente pour éviter qu’elle ne plie de trop. Nous ne fermons pas l’oeil de la nuit! Au lever du jour, le vent n’est pas tombé et nous essayons tant bien que mal de ranger les affaires sans rien perdre et de plier la tente sans la casser… nous luttons et finissons par tout ranger sans casse mais les arceaux de la tente en ont quand même bien souffert et se sont un peu tordus. Nous partons un peu somnolents après cette nuit blanche. Sur la route, les rafales nous freinent en haut du col (ça nous rappelle quelques souvenirs patagoniens) mais nous tournons rapidement sur une autre route mieux orientée et en descente. On prend un racourcit en direction de Juzcar, un village surprenant aux maisons bleues, appelé « le village des Schtroumpfs » (il a été repeint en 2011 pour le tournage du film)… et effectivement nous sommes accueillis à l’entrée par le Grand Schtroumpf et son champignon! Nous poursuivons notre route vers Farajan d’où l’on entame une forte descente jusqu’au rio Genal. De là, il ne nous reste plus qu’à tout remonter de l’autre côté jusqu’à Jubrique. Le chemin est très calme et l’on se retrouve en haut au milieu de chataigniers. On roule en évitant tant que possible les bogues parsemant le chemin pour éviter les crevaisons! On pensait trouver du ravitallement dans le village mais il n’y a pas de petite tienda. On avance donc vers Genalguacil sur une jolie petite route à l’ombre. On arrive chez notre hôte Airbnb, dans une petite maison de caractère du village qui à l’instar des autres villages blancs respire la sérénité. On déambule dans ses ruelles pavées sinueuses entre les maisons enduites à la chaux et aux balcons fleuris. On trouve un petit magasin au fond d’une rue où l’on refait le plein de nourriture. Le soir on ne traine pas trop et file au lit récupérer les heures de sommeil manquantes de la veille!


On remonte en selle après une bonne nuit revigorante et un copieux petit-déjeuner. On emprunte une route peu circulante qui serpente dans la sierra de Bermeja jusqu’au col de Peñas Blancas à 950m d’altitude. En haut, nous sommes dans le brouillard et il fait froid. Nous sommes arrêtés par un agent de voirie qui nous indique que notre route est ensuite coupée pour cause de réfection de chaussée et que nous devons faire demi-tour! Sauf qu’en réétudiant la carte cela veut dire pour nous de refaire la route en sens inverse sur quasi 2 jours… Melodie commence à se décomposer mais nous ne perdons pas la face et on discute tranquillement avec l’agent qui finit par nous laisser passer sans nous promettre que les ouvriers plus loin en ferons de même. On tente. 4km plus loin nous arrivons dans la zone de travaux et les ouvriers, en pause goûter, sont très sympas et nous font signe de passer sur le côté. On avance vélo à la main sur quelques centaines de mètres puis l’on remonte sur les velos. Heureusement que nous avons insisté! On entame ensuite une piste forestière d’abord très caillouteuse puis plus roulante entre les pins. On passe le col de Chaparral où l’on s’arrête rapidement manger notre sandwich car il y a du vent et du brouillard, on a vite frais. Dans la descente la végetation est plus variée. On roule entre les eucalyptus aux senteurs puissantes puis l’on se retrouve au milieu d’immenses chataigneraies à l’approche de Pujerra. Le soleil réapparait et nous rechauffe de ses doux rayons qui donnent de superbes teintes aux feuilles des chataigniers jaunissants. On passe Igualeja avant de monter une route en corniche le long de montagnes pelées à la végetation basse. On passe un petit canyon qui nous rappelle les hauts plateaux boliviens… on entre ensuite dans le parc de la Sierra de las Nieves. Les vues sont splendides sur les somments rocailleux dont les bases sont boisées de feuillus et de grand pins bleus (pinsapos azules). Le camping à l’entrée est fermé et il est difficile de trouver un bivouac. On arrive vers un gite rural qui, par chance, a encore un petit appartement de libre pour nous. Le coin est superbe, la finca fait plusieurs hectares et se trouve dans une petite vallée entre les sommets. Notre studio a des airs de chalet de chasse, tout en bois. Nous y sommes au calme, parfait pour se reposer après cette grosse journée avec 1720m de dénivelé positif!


Au petit matin nous sommes bien contents de ne finalement pas avoir campé dehors car il a plu fortement toure la nuit avec des rafales de vent… le ciel est très couvert et il pleuvine encore quand on part. On enfile nos tenues complètes de pluie et l’on monte jusqu’au point culminant de notre parcours à 1250m d’altitude. Le temps très chargé se maintient un peu. Il ne nous reste principalement que de la descente mais la piste est rocailleuse par endroits puis assez collante. De grosses roches parsèment le chemin. On descend prudemment à flanc de montagne, on colle au sol et on se fait tapisser de boue… le brouillard recouvre les sommets, cela donne une atmosphère assez particulière et nous profitons guère des paysages. D’autant plus qu’une pluie battante s’abbat maintenant sur nous! Mais on fait tout même une belle rencontre au détour d’un virage : quelques sangliers noirs traversent juste devant nos roues. On arrive à Monda avec les vélos couverts de boue et nous aussi… on s’arrête a une fontaine pour une séance rapide de nettoyage afin de pouvoir trouver un hébergement pour la nuit. Mais, ce n’est pas notre jour de chance et il n’y a aucun hostal dans la ville! Nous devons donc continuer 8km jsuqu’à Coin qui est une plus grosse ville. On tourne et on demande aux passants…on finit par trouver le seul hébergement. Nous prenons donc une chambre dans l’hotel qui possède une pièce en bas pour mettre les velos. On est exténués par cette journée!
Le lendemain le temps est toujours maussade. On décide de faire une journée off et de seulement rejoindre Mijas par la route la plus courte. On s’arrête à une station service pour laver correctement les vélos. À midi on arrive à Mijas, un village pittoresque entre mer et montagne. On s’installe dans une posada familiale qui nous loue un petit studio tout confort. L’après-midi on se balade dans les ruelles, on découvre le centre historique avec des patios fleuris, on se promène dans les jardins de la muraille… il y a de superbes points de vues sur la ville, les terrasses, le chateau et les arènes sur fond bleu azur de la mer méditerannée. On s’achète encore quelques délicieux fruits pour le gouter (chirimoya, mangue, grenade). Le soir, on s’offre un copieux repas dans un petit restaurant typique: portion d’aubergines avec plat de poissons et fruits de mer frits (merlu, langoustines, anchois et calamars), accompagnés de sangria! Un délice.


Notre dernière journée se passe sous un beau soleil et un ciel bleu sans nuage, mais bien venté. On rejoint une piste qui monte le long de la monatgne au dessus de Mijas. On roule à flanc de falaise, les abords sont abruptes et les précipices vertigineux! On avance avec grande précaution car le vent est fort, tantôt de dos où il nous aide bien sur quelques protions de montée, tantôt de côté nous obligeant parfois à descendre de vélo et à pousser pour éviter tout accident… mais nous sommes récompensés par des panoramas sublimes sur la Costa del sol en contrebas et sur les sommets de la Sierra de las Nieves derrière nous. On fait de nombreuses pauses pour profiter! Au sommet, nous changeons de versant et le vent se ressent moins. Nous descendons dans des forets de pins. Alors que nous étions seuls jusque là, on croise de nombreux cyclistes et coureurs. On se fait une petite pause picnic dans les bois avant de rejoindre la route à Alhaurin où l’on change de décor. On traverse de grandes avenues bordées de palmiers et de maisons très chic. C’est la banlieue huppée de Malaga. On arrive assez rapidement chez nos hôtes Airbnb. Ana maria et son mari nous offrent un accueil très chaleureux. Nous nous installons dans un petit studio qu’ils sont en train d’aménager et où l’on a la place de préparer nos bagages. En 2h tout est prêt, les vélos sont démontés et rangés dans leurs valises. On passe la fin d’après-midi à discuter avec nos hôtes qui sont d’une grande gentillesse. De quoi parfaitement terminer notre parcours!

Et voilà, nous reprenons l’avion après un réveil aux aurores pour Nantes…

Nous avons été très agréablement surpris par la variété des paysages traversés et le caractère très typique et préservé des villages andalous. Il y a encore dans chaque village de petites tiendas, des minimarchés où l’on trouve tous les produits de première nécessité et à des prix très raisonnables. Il y a encore même dans les villages plus gros des boutiques d’un peu tout, des quincailleries, des boucheries…tous ces petits commerces qui semblent disparaitrent en France au profit des grands supermachés. Il est juste un peu difficile de se faire aux horaires décalés, fermeture de tout entre 14h et 17h30! La gastronomie espagnole est aussi très riche et nous avons gouté de nombreux produits locaux (morcilla, chorizo, turon, chocolat, fruits, fruits secs, poissons, sangria, paella…). Nous nous sommes par contre aussi rendu compte que l’Espagne semble moins orientée en terme d’effort écologique ou biologique. Les sacs plastiques par exemple sont encore distribués à tour de bras dans les supermarchés. On trouve quasi aucun produit écologique ou bio dans les magasins (peut être plus dans les grandes villes?).

Les espaces naturels sont assez propres et respectés cependant. Nous avons apprécié rouler dans ces espaces sauvages, loin de la circulation. Un vrai dépaysement. Nous sommes également très satisfaits de nos vélos qui nous ont permis de franchir tout type de terrain avec plus de facilité et beaucoup moins de contrainte physique malgré le dénivelé parcouru.

La seule difficulté (que nous avons appris en route) est que le camping libre est en fait interdit… et qu’il n’existe pour autant quasimment aucun camping organisé. Nous devions donc pour les bivouacs trouver des endroits bien cachés ce qui là bas au vu du terrain n’est pas facile car même dans les forets les sous bois sont recouverts d’arbustes piquants empechant de poser la tente. Il nous a parfois fallut bien chercher… c’est aussi pour cela que nous avons souvent été en hébergement. Pour la prochaine destination, on fera attention à ce que le bivouac soit autorisé! Et peut être bien dans un pays plus vert…
Photos : https://flic.kr/s/aHsm6GhbzW

Notre parcours : https://melopierre28.travelmap.net/andalousie-6-au-22-octobre-2017